Le frêne
Fraxinus excelsior L.
Oleaceae
Le frêne élevé, Fraxinus excelsior L., est un arbre présent dans une grande partie de l’Europe, du sud de la Scandinavie jusqu’en Espagne. En France, il est assez fréquent jusqu’à 1500 m d’altitude, sauf dans la zone méditerranéenne où il est remplacé par le frêne oxyphylle, Fraxinus angustifolia Vahl, et le frêne à fleur, Fraxinus ornus L. . La reconnaissance du frêne élevé se fait facilement via la couleur de ses bourgeons : noirs pour Fraxinus excelsior, bruns pour les autres espèces*.
Les peuples germains et scandinaves le considéraient comme un arbre magique, capable d’éloigner les serpents ou de protéger la maison en attirant sur lui la foudre. Dans la mythologie nordique, c’est un frêne, Yggdrasil, qui supporte la voûte céleste et représente le pilier du monde.
Le frêne est un arbre d’une grande utilité et il a été favorisé ou planté dans de nombreuses régions, en particulier dans les haies. Le nom latin du frêne, Fraxinus, dériverait du grec phraxis qui signifie haie, clôture ou barricade.
C’est est arbre pionnier à croissance rapide, jusque 80 cm par an les premières années. Taillé en têtard**, il donne au bout de 3 à 4 ans des branches suffisamment grosses pour être coupées et travaillées.
Son bois est dur, souple et d’une bonne densité. Il a été utilisé pour la fabrication de manches d’outils, d’arcs, de skis, de raquettes de tennis … Cette réputation de solidité est mentionnée dès l’antiquité. Dans la mythologie Grecque, Achille tue Hector avec un javelot en frêne, qui fend son bouclier.
Le bois de frêne est aussi utilisé pour le chauffage car son pouvoir calorifique est élevé et il ne nécessite pas une longue période de séchage avant utilisation.
Les feuilles de frêne étaient utilisées comme fourrage pour les animaux, en particulier dans les zones de montagne. Elles sont riches en protéines et disponibles en fin de saison quand l’herbe vient à manquer.
En phytothérapie, on utilise surtout les feuilles qui possèdent des propriétés diurétiques et anti-inflammatoires. Elles s’emploient contre les rhumatismes, la goutte et comme adjuvant des cures dépuratives ou des traitements amaigrissants. Dioscoride (40-90 ap. JC) mentionne déjà cette dernière utilisation : “ses feuilles pilées en vin amaigrissent peu à peu ceux qui sont trop gras ». L’écorce a été employée comme fébrifuge, sous le nom de quinquina d’Europe, le quinquina étant la drogue de référence au XIXème siècle dans le traitement des fièvres.
Le frêne est aujourd’hui menacé dans de nombreuses régions par une maladie fongique : la chalarose. Ce champignon microscopique, sans doute introduit avec des bois importés de Chine, se développe rapidement et provoque le dépérissement et la mort de nombreux arbres. Cette épidémie pourrait toucher 99% des frênes français d’ici quinze ans. Indirectement, beaucoup d’espèce sont impactées car le frêne abrite et nourrit de nombreux oiseaux et insectes.
Heureusement, certains arbres semblent résister à la maladie et pourraient servir au repeuplement.
Voici une recette historique de « boisson de ménage », la frênette.
Frênette traditionnelle
La frênette, appelée aussi cidre de frêne ou champagne des forêts, est une boisson fermentée légèrement alcoolisée (3 à 4 %).
Prendre 1 kg de feuilles sèches de frêne récoltées en août par temps chaud. A cette période de l’année les feuilles sont luisantes et riches en sucres.
Placer dans un grand récipient.
Ajouter 10 litres d’eau de source chaude (40°).
Recouvrez le récipient d’un linge.
Au bout de 24 h brassez (pour aider à la dissolution des sucres naturels de la feuille).
Laissez fermenter 5 à 6 jours à 20°C.
Filtrez par temps clair et mettre en bouteilles à limonade.
Attendre 2 semaines avant de boire.
* Si vous êtes cueilleurs pour l’Herbier du Diois, nous pouvons vous fournir un document de reconnaissance botanique pour les différentes espèces de frêne.
** Le tronc est coupé à quelques mètres de haut, pour provoquer l’apparition de rejets.