L’églantier
Rosa canina L.
Rosaceae
En ce début d’hiver, vous avez peut-être observé des « fruits » rouges portés par des arbustes épineux rappelant le rosier. Ce sont des cynorhodons. Sous ce nom un peu barbare, on nomme les faux-fruits* de l’églantier, Rosa canina L. mais aussi d’autres espèces proches comme le rosier des Alpes, Rosa pendulina L.
Ces rosiers sauvages sont nombreux et souvent difficiles à déterminer, mais fort heureusement toutes les espèces peuvent être récoltées même si elles sont plus ou moins savoureuses. Pour compliquer la détermination, ils s’hybrident facilement dans la nature, mais c’est ainsi qu’on a pu créer les centaines de variétés d’ornements, pour le plus grand plaisir des jardiniers.
La pulpe de cynorhodon est très riche en vitamine C et c’est un aliment précieux pour l’hiver. Il se consomme cru mais attention de bien retirer les poils qui entourent les graines et sont très urticants. C’est avec eux qu’on fabrique le poil à gratter des farces et attrapes !
Le cynorhodon est avant tout ramassé pour le plaisir des papilles et plus précisément pour réaliser des gelées et des confitures (délicieuses mais difficiles à préparer car il faut éliminer les graines et les poils). Comme la chaleur dégrade la vitamine C, il convient de chauffer le moins possible.
D’autres parties de l’églantier peuvent être employées. Les pétales sont astringents et anti-inflammatoires. C’est un régulateur du transit intestinal au gout agréable, adapté aux personnes fragiles ou aux enfants.Le bourgeon, préparé dans un mélange d’eau, d’alcool et de glycérine (on parle de macérat glycériné) peut être utilisé comme traitement de fond des pathologies respiratoires : asthme, rhinite chronique … C’est le remède des enfants toujours malades !
Les rosiers sauvages ont encore d’autres ressources, notamment en association avec un insecte. Un petit hyménoptère du genre Cynips pond ces œufs sur les tiges des rosiers, qui se protègent en produisant une galle d’aspect barbue, le bédégar. Cette galle contient beaucoup de tanins, qui font du bédégar un puissant hémostatique (arrêtant les hémorragies) et cicatrisant. Préparé en lotion, il était employé pour cicatriser les plaies, pour soulager les inflammations, en bain de bouche contre les aphtes ou les saignements de gencives par exemple. Chauffé avec du sulfate de fer, il produit une teinture marron foncé, que l’on peut employer comme encre naturelle.
Une espèce particulière d’églantier, la rose musquée, Rosa rubiginosa L. fournit un autre produit naturel précieux : l’huile de rose musquée. Celle-ci est extraite à froid par pression des graines et contient des acides gras insaturés, omega 3, 6 et 9 mais aussi de la vitamine E.
Cette huile végétale est devenue un ingrédient incontournable de la cosmétique naturelle : hydratant, cicatrisant, régénérant de la peau et antiride. La poudre de graine est employée comme exfoliant, ajouté dans une base de crème.
* le cynorhodon est composé du réceptacle de la fleur, qui devient charnu et qui contient les « vrais » fruits, les akènes.